Fondation Ntarama
Témoignages

Le génocide des Tutsi, neuf ans après

 

Les survivants du génocide des Tutsi racontent ce qu’ils ont vu. Beaucoup de témoignages émouvants ont été recueilli. Des ouvrages de référence sur le génocide ont été écrit. Cependant, neuf ans après le génocide, plusieurs témoins de l’horreur n’ont pas encore livré leurs témoignages. Que raconte les gens sur ce qui s’est passé ? Au-delà des médias et des écrivains qu’est-ce qui reste dans la mémoire des survivants du génocide des Tutsi ?

Notre écrit, est un écrit historique qui emprunte un style narratif pour décrire les premiers instants du génocide commis contre les Tutsi, du six avril au quatre juillet 1994 au Rwanda.

Le texte veut donner la vérité des faits sur le génocide des Tutsi, en présentant aussi bien la vraie responsabilité des génocidaires que le conditionnement psychologique de leurs victimes.

Un tel récit raconté sur le vif du génocide, aidera le lecteur à avoir une certaine idée de l’horreur du génocide des Tutsi. Notre récit se fonde sur les témoignages oraux, et donc sur la mémoire des témoins, une mémoire confirmée et corroborée par les premiers récits écrits et par des reportages télévisés réalisés au moment du génocide[1].

Kigali brûle

Selon plusieurs témoins, il y avait, dans le pays, un état de tension extrême depuis de très nombreux mois.  Une peur, une insécurité grandissante  régnaient dans le pays. Déjà, en mars 1992 des tueries avaient eu lieu dans la commune de Kanzenze, dans la région du Bugesera. Des milliers de tutsi avaient été tués dans plusieurs communes de Kibuye en août 1992 et dans le nord-ouest en octobre 1990, en janvier et en février 1991, en décembre 1992 et en janvier 1993[2].

Partout  on pouvait percevoir une violence latente énorme, une envie de tuer.

« Au début du mois d’avril, les incitations de plus en plus brutales à la haine et à la violence, l’annonce répétée d’une catastrophe imminente, les retards constants dans la mise en application des accords, la prise de conscience générale de l’entraînement et de l’armement des milices (…) furent autant de facteurs qui causèrent une angoisse profonde, particulièrement ressentie par la population de la capitale »[3].

Peu de temps avant le génocide, le secrétaire général des Nations Unies, M. Boutros Boutros-Ghali avait fait remarquer que « les crimes ethniques et d’inspiration politique avaient augmenté »[4].

Par ailleurs, les préparatifs de l’extermination des Tutsi étaient supervisés par les autorités civiles et militaires. Il s’agissait alors de la distribution d’armes, de la mobilisation et de l’entraînement des miliciens du MRND et CDR[5], et de l’établissement des listes des Tutsi à exécuter.

Plusieurs témoignages attestent l’existence d’une planification de l’extermination des Tutsi. Ainsi, « selon un témoin, Bagosora, qui avait quitté Kigali le 30 ou le 31 mars pour des vacances, rentra précipitamment le 4 avril. Plusieurs témoins affirment que les soldats de la Garde présidentielle avaient dressé des barricades et qu’ils patrouillaient dans le quartier où résidaient les ministres et d’autres dirigeants du MRND peu de temps avant, ou juste après que l’avion ait été abattu »[6].

Selon un témoin, les « opérations exécutées par des militaires, dont la GP (Garde présidentielle) étaient l’exécution d’un plan préétabli et qui était connu du réseau clandestin »[7].Dans certaines régions du pays, la machine à tuer se mit en marche  dès avant l’accident de l’avion présidentiel. « A Nyamata, dans le Bugesera, des massacres ont commencé avant le crash, dans l’après-midi du 6 avril »[8]. 

Dans la nuit du 6 avril, le colonel Bagosora[9] prit le contrôle du pouvoir. Il gardait un contrôle sur les milices, la Garde présidentielle et sur d’autres unités d’élite basées à Kigali et dans d’autres préfectures. Il fut le véritable chef qui déclencha le génocide. Le colonel Bagosora « mena apparemment les opérations par une série d’appels téléphoniques passés pendant la réunion (avec les seize officiers supérieurs réunis sous sa présidence). Il disposait également d’une liaison radio directe et privée avec la Garde présidentielle»[10].

Tard dans la nuit, le Ministère de la Défense fit passer un communiqué à la radio demandant aux gens de rester chez eux. « Dans les minutes qui suivirent le crash, et même avant que la radio nationale ne donne l’information, les premiers coups de feu retentissent dans Kigali : les barrages se mettent en place, les exécutions commencent »[11].

Le gouvernement génocidaire, autoproclamé, prit ses fonctions le 9 avril. Le nouveau président par intérim fut le Dr Théodore Sindikubwabo[12], membre du MRND. Un membre du MDR power, Jean Kambanda[13] fut choisi comme Premier ministre. « Bagosora avait choisi lui-même ces hommes »[14]. Le gouvernement génocidaire s’installa d’abord à Kigali puis s’enfuit de la capitale le 12 avril. Le même gouvernement continuait à coordonner le génocide plusieurs mois après son installation, jusqu’à  la mi-juillet, période à laquelle il quitta le Rwanda. « Des ministres et d’autres membres importants du gouvernement se rendaient en effet dans les campagnes, exhortaient la population à participer au génocide »[15].

Le 7 avril, les rues étaient essentiellement vides. Des coups de feu s’entendaient partout dans tous les quartiers populaires de Kigali. Des barrages militaires furent érigés partout. Certaines personnes essayaient de grimper par-dessus  les murs de clôture des habitations, franchissaient les portails des maisons pour venir chercher refuge auprès des missions diplomatiques ou des bureaux de la Croix-Rouge internationale. Il y avait une panique générale dans toute la ville de Kigali.

Le Rwanda était alors aux  prises avec tous les excès.  Le pays  entier fut plongé dans le traumatisme. Les éléments proches du Président et sa Garde  provoquaient des massacres dans la capitale. Les gens avaient une peur extrême, ils se terraient chez eux.

Des massacres et des pillages eurent lieu dans tous les quartiers de la capitale. Beaucoup de massacres étaient commis de maison en maison. Il y avait dans tout le pays une véritable chasse aux Tutsi.

Tandis que la Garde présidentielle et d’autres unités se livraient aux massacres, l’un  des dirigeants du FPR, « Tito Rutaremara avait averti les officiers rwandais, et plus précisément Ndindiliyimana et Bagosora, que le FPR lancerait une attaque s’il n’était pas mis un terme aux massacres de civils. Les tueries continuèrent et les soldats du FPR quittèrent le siège de la CND pour affronter la Garde présidentielle »[16].

La population avait déserté les rues pour se mettre à l’abri. Mais pour combien de temps ? Alors qu’on était au deuxième jour des massacres, tout le monde craignait le pire. Des maisons brûlaient en plein jour. Les hôpitaux étaient surchargés par l’afflux de blessés qui avaient échappé aux tueries. « La morgue déborde, on est obligé d’empiler les corps sur le trottoir. Le sang coule dans les caniveaux »[17].

Kigali était le théâtre d’un véritable bain de sang. On comptait par centaines les morts, par milliers les blessés. Plus de trois cents cadavres jonchaient la morgue de l’hôpital de Kigali. Les massacres de Tutsi se poursuivirent dans tous les quartiers de la ville. Il s’agissait d’une véritable descente aux enfers. Des corps horriblement trucidés par balles, à coups de machettes, à coups de tournevis ou de couteaux jonchaient la route. Plusieurs cadavres présentaient un aspect abominable. Gonflés, ils commençaient à puer. La panique était telle que certains blessés étaient enterrés avec les morts.

Kigali fut livré aux hordes de pillards encadrés par l’armée. Ils étaient ivres de bière, de chanvre et de drogue. On apercevait des corps tout au long des rues,  ceux de femmes portant des enfants sur le dos, de petits garçons tués en fuyant. Partout il y avait des exécutions sommaires par coups de machettes ou par balles. On coupait les gens comme si c’était un tronc de bananier. Ils s’acharnaient sur les morts comme des animaux, ils tuaient plus bestialement que les animaux. On tuait avec une cruauté et une brutalité comme on ne pouvait se l’imaginer.

La terreur régnait au Rwanda. Au cinquième jour des massacres, les morts atteignaient plus de dix mille à Kigali. Les habitants en panique se terraient chez eux ou fuyaient  là où ils pouvaient. Les miliciens hurlaient et couraient dans tous les sens et tuaient tout le monde sur leur passage. Ils patrouillaient dans les rues, armés de machettes, de bâtons et de gourdins. L’odeur du sang faisait qu’on tuait tout ce qui bouge. Les cadavres se ramassaient par centaines. Des fosses communes furent creusées aux environs de Kigali où  s entassaient les corps. « Aux abords de la ville, les détenus creusent des fosses dans la terre rouge. Des bennes, des camions communaux viendront y déposer des monceaux de cadavres »[18].

Les massacres avaient touché d’autres régions avec une ampleur sans précédent.

Les occidentaux quittaient le Rwanda, certains par avion, d’autres par la route. Un pont aérien fut établi par les Français entre Kigali et Bangui. D’autres passaient par la route de  Butare vers Bujumbura. Il y avait un point de passage à Gisenyi au Nord le long de la frontière avec le Zaïre. De Goma, ils étaient ensuite transportés à Bujumbura et puis  finalement au Kenya. Pour atteindre l’aéroport de Kanombe, des convois furent improvisés sous la protection des paras français car ici et là des tirs sporadiques à l’arme lourde ou à l’arme légère menaçaient ceux qui partaient. Parmi les occidentaux qui eurent la chance d’être évacués, certains avaient un regard qui se perdait dans le vide. Même loin du Rwanda ils tremblaient encore. Les massacres se déroulaient devant les yeux de tous. Quelques familles des dignitaires du régime génocidaire quittèrent le Rwanda sous escorte.

Le Rwanda s’embrase

Des massacres débutés à Kigali au soir du six avril s’étendirent dans le pays.

A Gisenyi, les Tutsi payèrent un lourd tribut.

Le génocide couvait dans la région dès les premiers jours du mois d’avril. L’armée s’était livrée depuis le 6 avril à la chasse aux Tutsi. Le commandant de la zone militaire de Gisenyi avait donné l’ordre aux milices et à l’armée de tuer tous les Tutsi. « Compte tenu du nombre d’attaques qui eurent lieu presque immédiatement dans le Nord-ouest de la préfecture de Gisenyi, le colonel Anatole Nsengiyumva[19], commandant local, semble également avoir été parmi les premiers à mettre en œuvre le plan du massacre »[20].

Les victimes étaient conduites dans un endroit  surnommé  la « Commune Rouge », près du cimetière de Gisenyi et y étaient exécutées. Des femmes étaient violées. Toutes les victimes étaient déshabillées avant d’être tuées. D’autres fosses communes furent creusées hâtivement dans le cimetière de Gisenyi[21].

Alors que la frontière avec le Zaïre était à peine distante de quatre kilomètres, personne ne pouvait faire un pas sans être repéré par les tueurs installés aux quatre coins de la ville. Aussi les gens attendaient-ils chez eux. Par contre, les expatriés pouvaient traverser la frontière. Seuls les Belges étaient dans une situation difficile.  Radio Mille collines[22] fit courir le bruit que les Belges étaient soupçonnés d’avoir assassiné le président. « Les partisans de Habyarimana accusèrent les Belges d’être impliqués dans l’assassinat, mais sans en avoir jamais fournir la moindre preuve »[23]. Au nord-ouest du pays, quelques Belges subirent des menaces, quelques brutalités et parfois ils sont molestés.

Dans le sud du pays, régnait un calme précaire. Les gens pensaient que les tueries allaient se limiter à la capitale et au Nord du pays. Peu de gens pensaient quitter le Rwanda. Mais, à tout moment, la situation pouvait dégénérer. Des Tutsi venus du Bugesera où plusieurs personnes avaient été tuées arrivaient à Butare. « Le 13 avril, un officier de l’état-major général téléphona au responsable de l’immigration de la préfecture de Butare et lui ordonna de ne plus accorder d’autorisation de départ pour les pays voisins. Cette nuit-là, des Tutsi qui tentaient de traverser le fleuve pour se rendre au Burundi furent massacrés à Nyakizu »[24].

Les expatriés quittaient le Rwanda. Une longue colonne de cent véhicules occupés par des coopérants ou des étrangers quittaient Butare. Des convois composés du personnel des organisations humanitaires et du  personnel de l’Onu quittèrent le Rwanda. Tout le monde se demandait ce qui allait se passer au sud du Rwanda.

Au Rwanda, le scénario du génocide était partout le même : armés de machettes, de grenades et de fusils, les Hutu s’attaquaient aux Tutsi réfugiés dans les églises, les écoles et les hôpitaux. Afin de réunir le plus grand nombre de Tutsi, les autorités civiles et militaires encourageaient les Tutsi à se ressembler dans des sites désignés. Un témoin dira que « c’était comme de balayer des feuilles sèches de bananier pour les empiler et les brûler ainsi plus facilement »[25]. Presque immédiatement, les tueurs attaquaient les lieux. Ils jetaient des grenades, arrachaient les portes et découpaient des gens avec des machettes. Des Tutsi mouraient par milliers, des corps au crâne brisé étaient étendus par terre. Les femmes violées par les miliciens étaient allongées nues dans la rue.

Les Tutsi se rendaient sur les lieux de leur exécution sans protester. Des fosses communes étaient creusées par ceux-là mêmes qui devaient y être enterrés. Les adultes s’avançaient pour être fusillés, précédant leurs enfants.

Selon le bilan officiel publié en février 2002, par le ministre rwandais de l’administration du territoire, le génocide a fait 1.074.017 de morts.

 

 

 

Fondation Ntarama, le 7 avril 2003

 



[1] Il s’agit notamment du documentaire historique sur le génocide, réalisé par Luc de Heusch, « Une République devenue folle » (Rwanda 1894-1994), des archives télévisuelles constituées de plusieurs reportages sur le génocide (La télévision Suisse et la télévision belge RTBF). D’autres sources proviennent de diverses organisations humanitaires présentes à Kigali au moment du génocide. On peut citer à ce sujet le reportage de Philippe Gaillard, chef de délégation du CICR et de Patrick Gasser de MSF Kigali.

[2] Rapport de la Commission Internationale d’enquête sur les violations des droits de l’homme au Rwanda, depuis le 1 er octobre 1990, Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), African Watch, Union internationale des droits de l’homme et des peuples (UIDH), Centre international des droits de la personne et du développement démocratique (CIDPDD),  mars 1993.

[3] Human Rights Watch, Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme, Aucun témoin ne doit survivre. Le génocide au Rwanda, Karthala, 1999, 213.

[4] Ibid., 208.

[5] Il s’agit de deux partis hutu extrémistes dont sont issus plusieurs planificateurs et exécutants du génocide des Tutsi. A ces deux partis politiques il faut ajouter les membres hutu du MDR et du PL regroupés au sein du mouvement « Hutu power », une coalition qui participa à la planification et à l’exécution du génocide des Tutsi.

[6] Tribunal de première instance de Bruxelles, Compte-rendu de la commission rogatoire internationale exécutée au Rwanda du 5 juin au 24 juin 1995. Dossier n° 57/95, 2, 22 ; République rwandaise, Parquet de la République de Kigali, PV n° 143. Cité dans Human Rights Watch, 217.

[7] République rwandaise, Parquet de la République de Kigali, PV n° 0142, cité dans Human Rights watch, op.cit., 226.

[8] Colette Braeckman, Rwanda. Histoire d’un génocide, Fayard, 1994, 177.

[9] Bagosora Théoneste, né le 16 avril 1941, en commune de Giciye dans la préfecture de Gisenyi. Directeur de cabinet au Ministère de la Défense au moment du génocide, il a été arrêté au Cameroun le 9 mars 1996 sur la base d’un acte d’accusation du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), et transféré à la prison d’Arusha où se trouve le TPIR. Il est accusé de génocide, entente en vue de commettre le génocide, complicité dans le génocide, crimes contre l’humanité pour viol, extermination, assassinat, persécution et autres actes inhumains, violations de l’article 3 commun aux conventions de Genève et du protocole additionnel II (Date du procès, 2 avril 2002, chambre 3, procès joint « Militaire 1 », procès en cours. Cf. Nations Unies, Tribunal international pour le Rwanda, Liste et situation des détenus du TPIR, 15 mai 2002 ; Diplomatie judiciaire. Chroniques et reportages sur la Justice pénale internationale.

[10] République rwandaise, Parquet de Kigali, PV n° 0142, 148 ; Reyntjens, op. cit., 57. Cité dans Human Rights Watch, 221.

[11] Human Rights Wach, op. cit., 176-177.

[12] Président du gouvernement génocidaire, il prononça le 19 avril 1994, à Butare, un discours dans lequel il appelait les hutu à massacrer les tutsi. Les massacres commencèrent immédiatement. (Discours prononcé le 19 avril 1994 à la préfecture de Butare, enregistré par Radio Rwanda. Décédé en exil.

[13] Né le 19 octobre 1955, dans la commune de Gishamvu en préfecture de Butare, il a été premier  ministre du gouvernement génocidaire, du 8 avril 1994 jusqu’à son départ du pays aux environs du 17 juillet 1994. Arrêté le 18 avril 1997 au Kenya, il a été transféré le même jour vers Arusha à la prison du TPIR. Procès le 1 mai 1998, Chambre 1. Il a plaidé coupable des six chefs d’accusation pour génocide, entente en vue de commettre le génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide, complicité dans le génocide et crimes contre l’humanité. Il a été condamné le 4 septembre 1998 à la réclusion à perpétuité. Transféré au Mali le 9 décembre 2001.

[14] République rwandaise, Parquet de la République de Kigali, PV n° 0142. Cité dans Human Rights Watch, 231.

[15] Human Rights Watch, op. cit., 273.

[16] Ryntjens, Rwanda. Trois jours…, 82-83, cité dans Human Rights Watch, op. cit., 229.

[17] Colette Braeckman, op.cit., 227.

[18] Ibid., 225.

[19] Né le 4 septembre 1950 en commune de Satinsyi dans la préfecture de Gisenyi, il était lieutenant-colonel et commandant des opérations militaires dans la région de Gisenyi. Dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, il a présidé une réunion au camp militaire de Gisenyi où il a appelé les forces armées rwandaises et les miliciens de la préfecture de Gisenyi à tuer tous les tutsi. (Diplomatie judiciaire, chronique et reportages sur la Justice pénale internationale, Arusha le 12 octobre 1998 ; le rôle principal du colonel Anatole Nsengiyumva est évoqué plusieurs fois dans le procès du sous-lieutenant Eustache Dusabeyezu accusé de génocide. Cf. Jugement du 22 décembre 1998 de la Chambre spécialisée du conseil de guerre siégeant à Gisenyi- Auditorat militaire. Le colonel Anatole Nsengiyumva  a été arrêté le 27 janvier 1997 au Cameroun sur la base d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités rwandaises et transféré vers Arusha à la prison du TPIR. Procès 2 avril 2002, Chambre 3, Procès joint « Militaires 1 », procès en cours. Il est accusé de génocide, entente en vue de commettre le génocide, complicité dans le génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide, crimes contre l’humanité et violations graves des conventions de Genève et du protocole additionnel II.

[20] République rwandaise, Parquet de la République de Kigali, PV n° 0133, cité dans Human Rights Watch, op. cit., 233.

[21] Les 100 jours de la commune rouge, Diplomatie Judiciaire, chroniques et reportages sur la justice pénale internationale, Arusha le 12 octobre 1998.

[22] La Radio-télévision libre des mille collines (RTLM), créée en avril 1993, par les extrémistes hutu, avait distillé pendant des mois  sur ses ondes la haine contre les tutsi et désignait les victimes tutsi à tuer.

[23] Human Rights Watch, op. cit., 217.

[24] Soeur Patricia Massart, « Butare, au jour le jour, 78 », citée dans Human Rights Watch, op. cit., 238.

[25] Human Rights Watch, op. cit., 245.

© Fondation Ntarama 2003